Question (Fille / 1998)

Bonjour,
Je ne sais pas par où commencer..
Il y’a quelques années maintenant je me mutiler de manière importante et quotidienne, j’ai cesser cette pratique quand mes parents se sont rendu compte et que j’ai vu le mal que ça pouvait leur faire.. Ça a été très dur mais par honte j’ai arrêtée
Pendant des années tout ça faisait encore partit de moi mais je l’avais enfouie au plus profond et il y a même des jours où je n’y pensais plus..
Hors là depuis quelques temps j’ai l’impression que l’intégralité de ma vie s’effondre et que tout l’équilibre que j’avais mis en place pour lutter contre ces pulsions est branlant..
Je vois que je re plonge je le sens, je suis dans le même état d’esprit et je me re fait mal, moins qu’avant je ne prends plus de lame pour l’instant mais j’en meurt d’envie.. Pour l’instant j’en suis juste au stade où je m’arrache la peau avec mes ongles mais j’ai peur que ça soit le début de la descente aux enfer..
Je sais que j’ai besoin d’aide mais je ne veux pas aller voir quelqu’un je travaille dans le millieu et à chaque fois que j’ai essayer d’aller voir quelqu’un ça ne m’a rien apporté que je ne savais déjà..
Je ne sais pas comment soulager ma douleur morale autrement que comme ça..
Aidez moi s’il vous plaît j’ai peur de re tomber dans cette voie sans issue..

Réponse

Tu décris que tu as l'impression que l'intégralité de ta vie s'effondre et que tu te retrouves dans le même état d'esprit que lorsque tu te mutilais il y a quelques années. Nous ne savons pas si tu parles d'effondrement dans la réalité, par exemple des relations changent ou des aspects de la vie autour de toi ou alors de ce qu'il se passe dans ta réalité intérieure.

L'être humain est une seule et même personne et les questions ou problèmes auxquels il se confronte à un moment de sa vie reviennent bien souvent mais pas tout à fait de la même manière quand même.

Imagine un escalier en colimaçon, qui monte en spirale : il nous fait repasser chaque fois au même endroit, mais plus haut à chaque étage si bien qu'on a le même point de vue sur ce qu'il y a autour et en même temps on a un point de vue différent puisque nous sommes plus haut.

Tu avais choisi jusqu'à présent d'enfouir au fond de toi ta souffrance et cela t'a permis de grandir, de te développer, de te renforcer, c'était une bonne stratégie à ce moment-là. À présent la souffrance vient repointer le bout de son nez, comme pour te dire "je suis toujours là" et toi tu as entendu. C'est une très bonne chose car si tu avais fait comme si tu ne voyais rien elle aurait fini par apparaître de toute manière et on ne sait pas quand ni comment.

Il n'y a pas d'autre choix que de faire avec, accueillir et traverser. Reste à l'écoute de cette souffrance, parfois ça fait mal dans le corps, parfois dans les pensées, parfois dans le cœur et les émotions, parfois, comme disent les poètes elle provoque comme des bleus à l'âme et parfois ce sont plusieurs choses à la fois ou tout à la fois !

C'est une grosse tempête, ça peut faire peur, mais dans ton cas tu es plus forte qu'avant car tu as déjà traversé une tempête qui ressemble à celle-ci et tu as vécu que tu en es sortie beaucoup mieux qu'avant puisque finalement il y a des jours où tu avais même oublié.

Tu avais mis en place des choses pour lutter contre et la vie te rappelle qu'il va falloir les rencontrer d'un peu plus près (peut être pas si près que ça d'ailleurs !) mais qu'on ne peut pas mettre de côté pour toujours des choses qui sont à l'intérieur de soi.

Cette traversée peut être douloureuse bien sûr, mais à chaque fois la souffrance diminue. Par contre se provoquer une douleur physique, comme dans la mutilation, soulage momentanément mais augmente la souffrance intérieure. Tu le sais, tu l'as déjà vécu et tu y es confrontée encore aujourd'hui. Ce n'est par conséquent pas la solution qui mène vers l'état de mieux être auquel tu sembles aspirer.

Donc continue à ne pas prendre de lames, laisse ta peau en paix, elle te protège de l'extérieur et te permet de sentir ce qu'il se passe à l'intérieur. Même si cela peut paraître bizarre, remercie-la de te permettre de sentir ce qu'il se passe en toi. Pas besoin de te faire encore plus mal, sens cette souffrance, peut être les peurs qui l'habitent et c'est déjà bien suffisant.

Bien sûr que la traversée peut être plus facile si l'on est aidé par quelqu'un. Comme tu es dans le milieu de l'aide et que les villes en suisse sont petites, nous te conseillons de chercher de l'aide dans une ville proche. Cela te permettra de sortir de ton réseau. Et puisque tu es dans le milieu, tu connais les rouages, il faut donc quelqu'un qui a de l'expérience.

Courage, nous restons à ton écoute.

Dernière modification le 20 septembre 2020

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