Question (Fille / 2000)

Bonjour, en février 2009 mon beau frère c’est suicidé par arme à feu. J’avais 8 ans, presque 9, à 5 jours près.
C’était quelqu’un avec qui je m’entendais très bien, a qui je tenais, c’était mon frère.
Depuis son suicide, j’ai une peur profonde de l’abandon, il est partit sans explication, sans lettres.
Depuis ce jour là je culpabilise, car je faisais partie de sa « nouvelle famille » qui le faisait souffrir.
Depuis ce jour je n’ai jamais fait le deuil, alors même que je ne sais plus mettre un visage sur son prénom.
Comment faire ce deuil qui dure depuis bien trop longtemps ?

Réponse

Les décès par suicide sont très fréquemment plus difficiles à « deuiler ». Ils suscitent souvent encore plus de sentiment de culpabilité. Il est possible que, dans votre cas, cela soit encore accentué par le fait que vous ayez été enfant lorsque cela est arrivé. Les enfants pensent le monde à partir d’eux-mêmes. Par exemple, vers 4 ans, ils pensent fermement que la lune les suit. Ce genre de vision du monde persiste encore longtemps dans l’enfance. Il faut alors beaucoup d’effort de la part des adultes pour convaincre un enfant que ce qui arrive n’est pas sa faute.

Il arrive que les adultes qui entourent les enfants ne soient pas en mesure de faire suffisamment ce travail, sachant qu’ils ont, eux aussi, à faire face à un deuil fort complexe. Dans ce cas, il se peut que l’enfant n’arrive pas à sortir de ce schéma de pensée.

Cela peut aussi expliquer les peurs de l’abandon, car il n’est pas impossible que, dans la vision du monde d’un enfant dont un proche s’est suicidé, il pense n’avoir pas été suffisant pour l’en empêcher. Il est ainsi possible que cela persiste à l’âge adulte et que la personne continue à ne pas se sentir pas suffisante pour qui que ce soit.

Il est enfin possible que vous sachiez tout cela rationnellement, mais qu’émotionnellement vous n’en soyez pas convaincue.

Peut-être qu’il est possible d’en reparler avec votre famille, avec votre sœur, vos parents pour savoir si de leur côté aussi ce deuil ne peut aboutir pour l’instant, cela serait sûrement porteur. Si vous pensez que c’est trop complexe, il est toujours utile d’en parler à des personnes de confiance, des ami.e.s, un·e conjoint·e, par exemple.

Si cela ne suffit pas, il est aussi possible d’en parler avec un·e professionnel·le du deuil (par exemple : Fondation As’trame - lien ci-dessous) ou un·e psychologue. Si cette dernière option vous parle, il peut être utile de se tourner vers quelqu’un·e qui travaille avec l’EMDR (https://emdr-ch.org/fr/therapeutes/). Il s’agit d’une technique qui permet de diminuer l’intensité émotionnelle d’un traumatisme pour qu’il devienne un peu plus supportable.

Prenez soin de vous et revenez quand vous voudrez, vous serez toujours la bienvenue.
Bien à vous.


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Dernière modification le 8 novembre 2022

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