Question (2000)

Bonjour,

Il y a 5 ans, mon compagnon est décédé subitement. J'ai un suivi psy, j'ai été hospitalisée également. J'ai fait de l'EMDR quelques mois après son décès.

Je pensais que ça allait mieux, mais je remarque quand même si je me suis relancée dans des relations amoureuses (plutôt des rencards, parce qu'il n'y a jamais eu de relations), je ne peux pas m'empêcher de comparer avec ce que j'ai vécu avec lui. J'ai un grand sentiment d'injustice et de colère, vis-à-vis de ce qu'il s'est passé, alors qu'il n'y pas eu d'accident, ni d'erreur médicale. Bref, ma vie d'avant avec lui me manque beaucoup.

Je sais qu'il est illusoire de penser que ma vie d'avant va revenir, mais j'ai l'impression de ne pas avoir de contrôle et que tout ce qui est arrivé me soit juste imposé.

Maintenant, ça va faire 5 ans en septembre, et j'ai la sensation que toute cette histoire n'est pas encore réglée. Je pense que j'ai besoin de la régler, pour pouvoir avancer dans ma vie, dans mes relations aussi, mais je ne sais pas quoi faire. Je continue à voir ma psy, mais je ne sais pas si ça m'aide vraiment.

Que recommanderiez-vous ? Qu'est-ce que je peux faire ? Merci !

Réponse

Le deuil peut être un chemin tortueux, ce que tu décris là conduit à plusieurs réflexions.

Tu as fait beaucoup de choses pour que cela aille mieux et tu dis que tu pensais que cela avait fonctionné. Il n'est pas impossible que ça soit effectivement un bout le cas. Parfois, le deuil est comme un peu réactivé, par exemple lors d'une nouvelle relation ou lorsqu'on se retrouve face à une situation qui nous fait penser à notre proche décédé ou lorsque la date de décès se profile à l'horizon.

Il est aussi possible que cela soit difficile de t'autoriser à avoir une nouvelle relation et si c'est le cas, il peut y avoir plusieurs raisons à cela.

Ce que tu as vécu est en effet profondément injuste et il n'est pas aisé de refaire confiance à la vie quand on sait qu'il est possible de perdre les gens qu'on aime comme cela subitement. Peut-être qu'une question que tu peux te poser est "Si j'avais su qu'il allait mourir, est-ce que j'aurais choisi de ne pas m'y attacher ? Qu'est-ce que j'y aurais perdu ? Qu'est-ce que j'y aurais gagné ?"

Il existe aussi ce mouvement de loyauté très fort, qu'on peut avoir avec les personnes décédées. Si on entame une nouvelle relation ? Est-ce qu'on le trahit ? Est-ce qu'on l'oublie ? Mais est-ce bien possible d'oublier une personne qu'on a aimée ?

Si ces questions te traversent, peut-être qu'une piste serait de marquer que tu ne l'oublies pas. Tu dis que cela fait bientôt 5 ans qu'il est mort. Cela pourrait par exemple être l'occasion de faire un rituel avec les personnes qui l'aimaient et qui l'aiment sûrement encore d'ailleurs. Un moment par exemple où on fait une activité qu'il appréciait. Ou alors quelque chose de plus intime comme créer un coffre souvenir, un album, écrire une chanson, faire un tableau ou n'importe quoi d'autre qui honore son existence, qui honore la relation que vous avez, qui honore ce qu'il a apporté de beau dans ta vie. L'association ASNOVA à Lausanne propose par exemple de faire sur deux journées un journal créatif en mémoire d'un proche décédé.

Lorsqu'une personne meurt, la relation avec elle perdure, mais se transforme. Est-ce que cette autre relation qui s'est construite avec lui peut laisser la place à une nouvelle relation ?

Si ta psy est à l'aise avec ces questions liées au deuil, tu peux peut-être l'aborder avec elle. Sinon, il y a aussi la possibilité de faire un suivi en parallèle spécifique sur le deuil, par exemple avec As'trame.

Il est difficile de savoir si ton suivi psy actuel est utile. Il l'a en tout cas sûrement été puisque tu sembles avoir une grande capacité auto-réflexive. Peut-être que c'est une thématique que tu peux aborder avec elle ? Quels étaient les objectifs de ce suivi ? Est-ce qu'ils sont atteints ou en chemin ? Est-ce qu'il faudrait d'autres approches pour les atteindre ? Parfois, on ne voit pas bien le chemin qu'on a parcouru et proposer à ta psy de faire un pointage à ce sujet peut être utile.

À savoir aussi qu'il est possible que d'autres proches de ton compagnon soient dans des questions similaires aux tiennes. Peut-être que parler avec elles·eux pourraient te faire du bien. La plupart du temps, les gens ont tendance à éviter de parler de la personne décédée dans un mouvement de protection de l'autre, il en résulte souvent que tout le monde se sent seul·e avec son deuil. Donc ouvrir la porte du souvenir, aide souvent plusieurs personnes.

Tout ce qui est dit ici sont des pistes, elles sont vraiment à prendre, à transformer ou à laisser suivant ce qui te parle. Chaque deuil est différent même si certain processus sont similaires.

Nous pensons fort à toi. Tu es toujours la bienvenue sur ontécoute.ch,

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Dernière modification le 17 juillet 2025

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